Défendre ses raisons

Voulez-vous avoir raison ou voulez-vous être efficace ?

Pendant les grandes vacances nous avons plus de temps pour discuter, n’est-ce pas ?

Dans notre communication et nos relations de tous les jours, quand on se donne le temps et que l’on crée l’espace nécessaire pour écouter son intériorité, on ressent une envie d’authenticité et on s’aperçoit de l’importance de savoir écouter l’autre. On comprend instinctivement que cette capacité à l’écoute est fondamentalement « gagnant-gagnant ».

Selon Fred Kofman Philosophe et vice-président chez Linkedin :

Lors d’un conflit intense, préférez-vous vous imposer, partager votre vérité ou que tout le monde sorte gagnant ?

Voilà, comment en réalité il nous explique que nous pouvons être  vainqueur sur l’ensemble:

« Comment exprimer votre vérité avec honnêteté et respect.
-Voulez-vous avoir raison ou voulez-vous être efficace ?
-Le secret de l’efficacité, c’est d’avoir raison, non ?
Faux.
Le secret de l’efficacité, c’est d’être bien ensemble.

Pour résoudre ensemble un problème, vous et votre collègue devez :
1. Échanger des idées pour construire un point de vue commun.
2. Comprendre les besoins essentiels de chacun.
3. Considérer la meilleure façon de répondre à ces besoins.
4. S’engager à prendre des mesures précises pour mettre en œuvre un plan.
5. Donner suite à ces engagements.

C’est très différent de convaincre votre collègue que vous avez raison et qu’il a tort. Bien que certaines personnes aient peu d’ego, la plupart d’entre nous en sommes bien pourvus. De ce fait, nous tenons à « sauver la face » en insistant sur quelques points de vérité dans la conversation. Il est donc essentiel de trouver un moyen d’exprimer votre point de vue sans invalider celui de l’autre.

Exprimez-vous

L’expression productive est un moyen d’aider votre collègue à comprendre votre raisonnement. Cela lui permet de comprendre ce que vous pensez, mais plus important encore, pourquoi vous pensez ce que vous pensez, et ce que vous aimeriez entreprendre tous les deux à ce sujet.

Vous pourriez considérer ces trois aspects de l’expression comme des segments dans le temps, chacun avec une question associée :

Le présent : Est-ce que j’ai raison ?
Le passé : Pourquoi, est-ce que je le pense ?
L’avenir : Alors, qu’est-ce que je veux faire à ce sujet ?

Si vous répondez à ces questions dans un langage respectueux, vous faciliterez l’écoute de votre collègue, car il ne se sentira pas mis dans une situation où il devra faire valoir que vous avez tort ou admettre qu’il a tort. »

Le respect commence quand on exprime ses besoins et on parle de soi.

 « Au cœur d’une meilleure communication se trouve l’affirmation de soi. Une expression de soi met complètement la responsabilité de votre expérience émotionnelle sur vos épaules. C’est la seule compétence unique et facile à apprendre qui peut améliorer considérablement la communication. Les déclarations personnelles commencent toujours par l’utilisation du sujet « je » pour discuter d’un problème. Quand on est en opposition avec un ennemi juré, les affirmations « vous » sont désastreuses. Une déclaration dont le sujet est « vous » met la responsabilité de votre malaise émotionnel sur votre partenaire, jamais sur vous-même. Les déclarations « vous » sont des communications de critique, de blâme et de colère. Dans les déclarations « vous », vos expériences émotionnelles et vos comportements négatifs sont toujours présentés comme une réponse appropriée à l’action irresponsable ou blessante d’une autre personne. Les affirmations  » je » diminuent la réactivité émotionnelle de l’échange. « Vous » augmente la réactivité émotionnelle et la tension interpersonnelle. » John W. Jacobs

« Remarquez à quel point vous vous sentiriez différent si vous entendiez les énoncés (A) par rapport aux énoncés (B).

(A) Vous avez tort.
(B) J’ai des informations différentes.
(B) J’arrive à une conclusion différente.
(B) Je ne suis pas d’accord avec votre argument.

(A) C’est de la folie.
(B) Je ne comprends pas.
(B) Je trouve cela effrayant.
(B) Je m’inquiète des conséquences possibles.

(A) Vous ne devriez pas le faire.
(B) J’aimerais que vous ne le fassiez pas.
(B) Je vous demande de reconsidérer votre point de vue et de ne pas le faire.
(B) Je m’oppose à cette ligne de conduite pour les motifs suivants.

(A) Ce n’est pas une bonne stratégie.
(B) Cette stratégie ne répond pas à mes besoins.
(B) Je n’aime pas cette stratégie pour les raisons suivantes X, Y et Z.
(B) Je ne vois pas comment cette stratégie peut nous faire avancer, du moins pas encore.

Lorsque vous parlez en utilisant le « je », vous reconnaissez la nature subjective de votre point de vue, ce qui permet à votre collègue d’avoir légitimement une opinion différente. »

 » Il faut deux  » Moi  » valides pour faire un  » Nous  » constructif.  » Fred Kofman

Dans ce sens, plus nous pratiquons la communication en Pleine Conscience, plus nous réalisons à quel point une relation dans le « nous-d ’abord » est fondamental dans la nature de l’être humain. Et à quel point cela devient pathétique de s’accrocher à nos habitudes et de nous laisser gagner par nos tendances à nous renfermer dans le malheureux « moi-d’abord », pour défendre notre « terrain de jeux ».
La communication en Pleine Conscience invite à reconsidérer avec empathie et bienveillance nos habitudes de communication souvent dirigées par la peur et la méfiance, lesquelles nous éloignent de notre nature humaine interdépendante les uns envers les autres.Aveuglés par la confusion, nous nous laissons emporter par l’agressivité ou le désir de toujours plus.
Comme nous l’explique Susan G. Chapman :
« La peur et l’amour ne peuvent cohabiter. La communication consciente consiste à se confronter à nos angoisses relationnelles. Le pouvoir de l’amour est bien plus fort que celui de la peur, toutes les relations peuvent se transformer en découverte de soi. »
On apprend à accepter et explorer ce qui est là. Cela nous permet de se rendre compte de notre folie passagère, lorsqu’on est pris dans nos tendances égocentriques et en crise, parce que nous ne savons pas écouter ni les autres ni nous-même. La méditation mais aussi l’introspection dans l’espace d’un accompagnement bienveillant d’une relation thérapeutique, nous aident à inverser cet état en apprenant à se détendre et écouter les signaux de détresse que nous envoie notre propre corps.
Suggestions pour la pratique de la méditation :
  • Choisir un endroit qui vous convient, dans lequel vous trouverez chaleur, ouverture, calme.
  • Créer un cadre qui reflète votre dignité.
  • Définir un moment de la journée, de préférence toujours à la même heure.
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Dominique FRAU