21 Sep La Pleine Conscience. La force de la confiance
« J’ai toujours la certitude que certaines choses, grandes ou petites, s’arrangeront d’elles-mêmes. Ce sentiment est surtout très fort dans la vie pratique. Je ne m’inquiète jamais du lendemain ; je sais, par exemple, que je devrais bientôt quitter cette maison, pour une destination dont je n’ai pas la moindre idée ; et les finances sont au plus bas, mais je ne me fais jamaisde soucis pour moi ; je sais que « quelque chose » se présentera. Quand on projette d’avance son inquiétude sur toutes sortes de choses à venir, on empêche celles-ci de se développer organiquement. J’ai en moi une immense confiance. Non pas la certitude de voir la vie extérieure tourner bien pour moi, mais celle de continuer à accepter la vie et à la trouver bonne, même dans les pires moments. » (Etty Hillesum, « Une vie bouleversée »)
Mais d’où vient cette immense confiance dans la vie, évoquée par Etty Hillesum, dans son journal ? Comment la définir ? Et, surtout, comment pourrions-nous l’atteindre ?
Le premier pas consiste,
Probablement, à préciser que cette confiance, cette force de trouver la vie bonne, même dans les pires moments, est accessible à chacun d’entre nous; quels que soient notre âge, notre profession, nos croyances, les joies que nous avons vécues ou les épreuves que nous avons traversées.
Il ne s’agit pas d’une confiance aveugle et naïve, qui vise à bercer nos illusions et à nous réconforter dans nos choix. De même, elle ne puise pas sa source dans notre ego, tout en nous enveloppant dans un sentiment trompeur de toute-puissance. Bien au contraire, cette confiance commence à germer dès que nous devenons de plus en plus conscients de nous-mêmes, de nos mots et de nos actes, des autres et de tout ce qui nous entoure.
Au fur et à mesure que nous pratiquons la Pleine Conscience,
Que cela passe par la voie de la méditation ou autre, la graine continue à grandir, jusqu’au moment où elle sera tellement bien ancrée dans notre esprit, qu’elle ne nous quittera plus jamais. Il s’agit, donc, d’une sorte de force lucide et réelle, que l’on découvre à l’intérieur de soi et qui nous permet de voir les choses telles qu’elles sont et non pas telles que nous voudrions qu’elles soient. Il n’y a rien de plus simple que d’accueillir dans nos vies tout ce qui nous procure de la joie et du bonheur. Mais c’est un véritable combat d’accepter, en toute lucidité et bienveillance, des vérités qui sont loin d’être agréables. Et c’est pour cela que cette confiance est aussi une force.
Par où commencer ?
Maintenant que nous avons essayé de définir la nature de cette confiance, nous allons voir quelles sont les étapes à suivre pour l’atteindre.
Le point de départ est la prise de conscience.
Cela peut se produire à tout moment, indépendamment de ce que nous faisons, de l’endroit dans lequel nous nous trouvons ou de notre état d’esprit. Ce qui compte c’est notre volonté de tout simplement diriger notre attention dans le moment présent, afin d’observer tout ce qui se passe : la situation que nous sommes en train de vivre, nos pensées, nos émotions, nos actions, nos mots etc. C’est précisément ce que Ajahn Chah (1918 – 1992), un des plus remarquables enseignants bouddhistes, appelle « un état de vigilance constante. »
« Quand vous rentrerez chez vous, prenez l’habitude de tout ramener à l’observation vigilante des mouvements du mental. Observez avec cette vigilance, ayez une compréhension claire des choses, et développez cette sagesse. Lorsque ces trois conditions seront réunies, vous constaterez un lâcher-prise du mental. Vous serez conscient du mouvement constant d’apparition et de disparition de tous les phénomènes. Vous verrez clairement que tout ce qui apparaît et disparaît n’est qu’activité mentale. Quand un phénomène mental apparaît, il finit par disparaître et il est suivi d’un autre phénomène qui évoluera de même. »(Ajahn Chah, « Vivre avec un cobra »).
Il faudrait peut-être préciser qu’il ne s’agit pas d’étiqueter, d’emblée, toute activité mentale comme étant nocive. Le mental auquel nous faisons référence dans ce contexte se traduit surtout par ce va-et-vient de pensées qui n’ont aucune consistance . Ces pensées n’ont aucune raison d’être, si ce n’est de polluer notre esprit avec toutes sortes d’idées, d’images et desensations qui nous éloignent de notre état naturel de paix et de tranquillité. Les pensées qui nous aident à réfléchir et à trouver des solutions logiques et rationnelles aux difficultés auxquelles nous pourrions être confrontés sont tout aussi nécessaires que les émotions qui les accompagnent.
Une des meilleures choses qui puisse nous arriver est tout simplement celle d’apprendre à nous observer, avec bienveillance et sans jugement, le plus souvent possible.
Et ensuite ?
Après une première prise de conscience, il est souhaitable de répéter l’expérience, pour bien l’intégrer dans notre vie quotidienne, à notre propre rythme, selon nos propres besoins. Une fois développée, cette pratique nous conduira vers un savoir-être et un savoir-faire qui nous aideront à nous débarrasser, sans effort, de tous les mouvements du mental qui menacent notre bien-être.
La Mindfulness ou la méditation de Pleine Conscience est une des plus anciennes pratiques reconnues qui nous permet de devenir qui nous sommes, pour citer les fameux mots de Nietzsche.
Grâce à la méditation, nous serons plus conscients de nos propres pensées et actions. Nous aurons une approche rationnelle des pensées et des actions. Les pensées peuvent nous faire traverser des montagnes russes de sensations pendant la journée. Cependant, grâce à cette pratique, nous serons en mesure de déterminer quelles pensées sont nécessaires à notre propre évolution et quelles sont celles qui nous écartent de notre propre chemin.
C’est ainsi que, au fil de temps, nous pourrons atteindre cette confiance, cette force de trouver la vie belle, quoi qu’il arrive.
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